Ce deuil

Il y a un deuil auquel je ne me fais pas, celui de ne pas avoir d'enfant.

C'est pourtant ma decision. Mais je n'arrive pas à me faire à l'idée que je n'aurais jamais de petit bout de moi, que je n'aurai jamais personne à qui penser que moi. L'enfant qui n'existera pas a pourtant un prénom, presqu'une vie que je lui créé quand mon esprit divague.

Mais je ne peux pas avoir d'enfant. J'ai le sang vicié. C'est un héritage trop lourd à porter. Un sang vicié et des secrets de famille bien trop lourds. Je n'ai pas le droit de transmettre ça à un être qui n'a rien demandé. Alors j'ai décidé de scier la branche pourrie dont je suis issue.

Pourtant j'aurai tant aimé avoir des photos à montrer, des anecdotes à raconter aux gens que je rencontre, j'aurais tant aimé écouter, choyer, consoler, recréer une enfance, guider un futur adulte, transmettre...

Mais voilà, je sais bien qu'un jour ou l'autre je vacillerai. Et je ne veux aucun témoin de ma chute.